Le saviez-vous – Independence Day

L’Histoire officielle des États-Unis d’Amérique débute il y a maintenant 244 ans. Le 4 juillet 1776 est un symbole pour le pays qui s’apprête à voir le jour. C’est à cette date que les treize colonies britanniques d’Amérique du Nord s’affranchissent de l’autorité anglaise et déclarent leur indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne. Cet événement est l’acte fondateur des États-Unis d’Amérique.

Le 4 juillet 1776

Contexte et causes d’une rupture

L’histoire de cette partie du globe n’aurait vraisemblablement pas été la même si les puissances européennes qui contrôlaient alors le monde s’en étaient désintéressées. Ce fut entre le XVIème et le XVIIème siècle que les grandes monarchies européennes qu’étaient l’Espagne, la France et la Grande-Bretagne se livrèrent à une lutte acharnée pour gagner en puissance et en influence, et ce à l’échelle mondiale. C’est ainsi que les différents empires coloniaux furent bâtis.

L’installation des colons anglais en Amérique du Nord découle tout naturellement de cette opération de conquête comme elle se produisit de par le monde. Les treize colonies britanniques d’Amérique du Nord furent ainsi fondées entre 1607 et 1732, et demeurèrent sous tutelle anglaise, sous l’autorité du Roi jusqu’à leur indépendance :

  • Virginie (fondée en 1607)
  • Massachusetts (fondée en 1620)
  • New Hampshire (fondée en 1623)
  • Maryland (fondée en 1632)
  • Connecticut (fondée en 1636)
  • Rhode Island (fondée en 1636)
  • Caroline du Nord (fondée en 1653)
  • Caroline du Sud (fondée en 1663)
  • Delaware (fondée en 1664)
  • New Jersey (fondée en 1664)
  • New York (fondée en 1664)
  • Pennsylvanie (fondée en 1681)
  • Géorgie (fondée en 1732)

La rupture entre la métropole et les treize colonies américaines fut consommée dès le début des années 1760. Elle trouve ses origines dans la volonté prépondérante de Londres de s’immiscer plus encore dans les affaires américaines et d’accroître ainsi son influence sur ces dernières.

À l’issue d’une guerre de Sept Ans (1) considérée comme particulièrement meurtrière, l’Empire britannique se trouvait endetté au-delà du raisonnable. Sortant pourtant grand vainqueur de ce conflit, la Grande-Bretagne due faire face à une grave crise économique étroitement liée à cette dette de guerre. En parallèle, la situation économique des treize colonies américaines se révélait prospère et le pouvoir royal britannique fut convaincu qu’il pouvait y trouver son salut.

C’est en ce sens que la proclamation royale de 1763 fut délivrée par George III le 7 octobre. Elle interdisait notamment aux colons britanniques des treize colonies de s’installer ou d’acheter des terres se trouvant à l’ouest des Appalaches. Ainsi, la couronne anglaise conservait l’ensemble des terres situées à l’ouest de cette ligne, de même que les richesses associées et assurait la protection des populations indiennes. De plus, une ligne de fortifications britanniques le long de cette limite était prévue, dans le but d’organiser les échanges commerciaux avec les indiens, d’assurer la protection desdites colonies et de faire respecter cette proclamation ; étant convenu que ces forts anglais seraient à la charge financière des colonies américaines.

Le mécontentement des colons américains émergea à cette période et ne fit que s’accroître tout au long des années qui suivirent. La succession de lois anglaises qui allaient être promulguées iraient dans le sens d’un accroissement des tensions. Après la proclamation royale de 1763, le parlement anglais vota notamment les lois suivantes :

  • Loi sur le sucre (Sugar Act – 5 avril 1764) : renforcement des contrôles et extension de la portée des taxes à d’autres produits (café, sucre, piment…).
  • Loi sur la monnaie (Currency Act – 19 avril 1764) : interdiction aux colonies d’émettre de nouveaux billets et devises – primauté de la livre sterling.
  • Loi sur le timbre (Stamp Act – 22 mars 1765) : taxe sur les journaux et documents officiels.
  • Loi sur le cantonnement (Quartering Act – 24 mars 1765) : les colonies américaines reçoivent l’ordre d’assurer le logement des soldats de la couronne britannique sur leur sol.

Le feu venait d’être allumé, et jamais plus avant l’émancipation complète des treize colonies le calme ne serait de mise en terres américaines.

Les réponses qu’apportèrent les colons américains à ces actes furent de plus en plus virulentes au fil des années. Tout d’abord sujets à de simples critiques et pamphlets, ces actes entraînèrent de véritables boycotts des produits britanniques et finirent pas occasionner, de façon plus extrême avec le temps, des manifestations et des violences à l’encontre des représentants de l’autorité anglaise.

Une véritable révolte qui trouva son apogée dans l’unification des treize colonies britanniques d’Amérique du Nord face au Royaume de Grande-Bretagne. La création du Premier Congrès Continental constitue le point d’orgue de cette collaboration. Réunie du 5 septembre 1774 au 26 octobre 1774, cette assemblée de membres issus de chaque colonie a pour but d’affirmer les droits de ces dernières face au pouvoir britannique, et de les préparer à l’union contre ce dernier.

Plusieurs mesures découlent directement des décisions qui furent prises lors de ce Premier Congrès Continental ; figurent parmi ces dernières le boycott des marchandises britanniques, l’alliance effective entre les treize colonies, des résolutions invitant les colonies à former leurs citoyens pour la guerre…

Lui fera suite un Second Congrès Continental qui sera également composé des délégués des treize colonies américaines et qui siégea du 10 mai 1775 au 1er mars 1781. Peu de temps avant le rassemblement de ce dernier, les premiers affrontements armés commencent, exigeant des prises de décisions et des mesures officielles de sa part. C’est dans cette perspective que fut créée l’Armée continentale, placée sous le commandement du Général George Washington ainsi qu’un comité chargé d’entamer des négociations avec les pays étrangers.

Débat lors de la rédaction de la déclaration d’indépendance

À la suite de longues discussions, le Second Congrès Continental, réuni à Philadelphie, décide de rédiger la Déclaration d’indépendance, officialisant la naissance des États-Unis d’Amérique. Le 11 juin 1776, il confie le projet à une commission interne, appelée la Commission des Cinq (Committee of Five), réunissant cinq de ses membres : John Adams, Benjamin Franklin, Thomas Jefferson, Robert R. Livingston et Roger Sherman ; Jefferson étant désigné pour en rédiger une ébauche. Cette dernière fut présentée à la commission qui, après lui avoir apporté plusieurs modifications pu la soumettre au Congrès le 2 juillet 1776.

Enfin, c’est au terme de deux jours de débats et d’amendements déposés, le 4 juillet 1776, que les 56 délégués réunis à Independence Hall à Philadelphie adoptent et signent la Déclaration d’indépendance des États-Unis.

Déclaration d’indépendance

Déclaration unanime des treize États unis d’Amérique

Réunis en Congrès le 4 juillet 1776

Lorsque dans le cours des événements humains, il devient nécessaire pour un peuple de dissoudre les liens politiques qui l’ont attaché à un autre et de prendre, parmi les puissances de la Terre, la place séparée et égale à laquelle les lois de la nature et du Dieu de la nature lui donnent droit, le respect dû à l’opinion de l’humanité oblige à déclarer les causes qui le déterminent à la séparation.

Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par leur Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. Toutes les fois qu’une forme de gouvernement devient destructive de ce but, le peuple a le droit de la changer ou de l’abolir et d’établir un nouveau gouvernement, en le fondant sur les principes et en l’organisant en la forme qui lui paraîtront les plus propres à lui donner la sûreté et le bonheur. La prudence enseigne, à la vérité, que les gouvernements établis depuis longtemps ne doivent pas être changés pour des causes légères et passagères, et l’expérience de tous les temps a montré, en effet, que les hommes sont plus disposés à tolérer des maux supportables qu’à se faire justice à eux-mêmes en abolissant les formes auxquelles ils sont accoutumés. Mais lorsqu’une longue suite d’abus et d’usurpations, tendant invariablement au même but, marque le dessein de les soumettre au despotisme absolu, il est de leur droit, il est de leur devoir de rejeter un tel gouvernement et de pourvoir, par de nouvelles sauvegardes, à leur sécurité future. Telle a été la patience de ces Colonies, et telle est aujourd’hui la nécessité qui les force à changer leurs anciens systèmes de gouvernement. L’histoire du roi actuel de Grande-Bretagne est l’histoire d’une série d’injustices et d’usurpations répétées, qui toutes avaient pour but direct l’établissement d’une tyrannie absolue sur ces États. Pour le prouver, soumettons les faits au monde impartial :

Il a refusé sa sanction aux lois les plus salutaires et les plus nécessaires au bien public. Il a défendu à ses gouverneurs de consentir à des lois d’une importance immédiate et urgente, à moins que leur mise en vigueur ne fût suspendue jusqu’à l’obtention de sa sanction, et des lois ainsi suspendues, il a absolument négligé d’y donner attention.

Il a refusé de sanctionner d’autres lois pour l’organisation de grands districts, à moins que le peuple de ces districts n’abandonnât le droit d’être représenté dans la législature, droit inestimable pour un peuple, qui n’est redoutable qu’aux tyrans.

Il a convoqué des Assemblées législatives dans des lieux inusités, incommodes et éloignés des dépôts de leurs registres publics, dans la seule vue d’obtenir d’elles, par la fatigue, leur adhésion à ses mesures. À diverses reprises, il a dissous des Chambres de représentants parce qu’elles s’opposaient avec une mâle fermeté à ses empiétements sur les droits du peuple. Après ces dissolutions, il a refusé pendant longtemps de faire élire d’autres Chambres de représentants, et le pouvoir législatif, qui n’est pas susceptible d’anéantissement, est ainsi retourné au peuple tout entier pour être exercé par lui, l’État restant, dans l’intervalle, exposé à tous les dangers d’invasions du dehors et de convulsions au-dedans.

Il a cherché à mettre obstacle à l’accroissement de la population de ces États. Dans ce but, il a mis empêchement à l’exécution des lois pour la naturalisation des étrangers ; il a refusé d’en rendre d’autres pour encourager leur émigration dans ces contrées, et il a élevé les conditions pour les nouvelles acquisitions de terres. Il a entravé l’administration de la justice en refusant sa sanction à des lois pour l’établissement de pouvoirs judiciaires.

Il a rendu les juges dépendants de sa seule volonté, pour la durée de leurs offices et pour le taux et le paiement de leurs appointements.

Il a créé une multitude d’emplois et envoyé dans ce pays des essaims de nouveaux employés pour vexer notre peuple et dévorer sa substance. Il a entretenu parmi nous, en temps de paix, des armées permanentes sans le consentement de nos législatures. Il a affecté de rendre le pouvoir militaire indépendant de l’autorité civile et même supérieur à elle. Il s’est coalisé avec d’autres pour nous soumettre à une juridiction étrangère à nos Constitutions et non reconnue par nos lois, en donnant sa sanction à des actes de prétendue législation ayant pour objet : de mettre en quartier parmi nous de gros corps de troupes armées ; de les protéger par une procédure illusoire contre le châtiment des meurtres qu’ils auraient commis sur la personne des habitants de ces provinces ; de détruire notre commerce avec toutes les parties du monde ; de nous imposer des taxes sans notre consentement ; de nous priver dans plusieurs cas du bénéfice de la procédure par jurés ; de nous transporter au-delà des mers pour être jugés à raison de prétendus délits ; d’abolir dans une province voisine le système libéral des lois anglaises, d’y établir un gouvernement arbitraire et de reculer ses limites, afin de faire à la fois de cette province un exemple et un instrument propre à introduire le même gouvernement absolu dans ces Colonies ; de retirer nos chartes, d’abolir nos lois les plus précieuses et d’altérer dans leur essence les formes de nos gouvernements ; de suspendre nos propres législatures et de se déclarer lui-même investi du pouvoir de faire des lois obligatoires pour nous dans tous les cas quelconques.

Il a abdiqué le gouvernement de notre pays, en nous déclarant hors de sa protection et en nous faisant la guerre. Il a pillé nos mers, ravagé nos côtes, brûlé nos villes et massacré nos concitoyens. En ce moment même, il transporte de grandes armées de mercenaires étrangers pour accomplir l’œuvre de mort, de désolation et de tyrannie qui a été commencée avec des circonstances de cruauté et de perfidie dont on aurait peine à trouver des exemples dans les siècles les plus barbares, et qui sont tout à fait indignes du chef d’une nation civilisée. Il a excité parmi nous l’insurrection domestique, et il a cherché à attirer sur les habitants de nos frontières les Indiens, ces sauvages sans pitié, dont la manière bien connue de faire la guerre est de tout massacrer, sans distinction d’âge, de sexe ni de condition.

Dans tout le cours de ces oppressions, nous avons demandé justice dans les termes les plus humbles ; nos pétitions répétées n’ont reçu pour réponse que des injustices répétées. Un prince dont le caractère est ainsi marqué par les actions qui peuvent signaler un tyran est impropre à gouverner un peuple libre.

Nous n’avons pas non plus manqué d’égards envers nos frères de la Grande-Bretagne. Nous les avons de temps en temps avertis des tentatives faites par leur législature pour étendre sur nous une injuste juridiction. Nous leur avons rappelé les circonstances de notre émigration et de notre établissement dans ces contrées. Nous avons fait appel à leur justice et à leur magnanimité naturelle, et nous les avons conjurés, au nom des liens d’une commune origine, de désavouer ces usurpations qui devaient inévitablement interrompre notre liaison et nos bons rapports. Eux aussi ont été sourds à la voix de la raison et de la consanguinité. Nous devons donc nous rendre à la nécessité qui commande notre séparation et les regarder, de même que le reste de l’humanité, comme des ennemis dans la guerre et des amis dans la paix.

En conséquence, nous, les représentants des États-Unis d’Amérique, assemblés en Congrès général, prenant à témoin le Juge suprême de l’univers de la droiture de nos intentions, publions et déclarons solennellement au nom et par l’autorité du bon peuple de ces Colonies, que ces Colonies unies sont et ont le droit d’être des États libres et indépendants ; qu’elles sont dégagées de toute obéissance envers la Couronne de la Grande-Bretagne ; que tout lien politique entre elles et l’État de la Grande-Bretagne est et doit être entièrement dissous ; que, comme les États libres et indépendants, elles ont pleine autorité de faire la guerre, de conclure la paix, de contracter des alliances, de réglementer le commerce et de faire tous autres actes ou choses que les États indépendants ont droit de faire ; et pleins d’une ferme confiance dans la protection de la divine Providence, nous engageons mutuellement au soutien de cette Déclaration, nos vies, nos fortunes et notre bien le plus sacré, l’honneur.

Déclaration d’Indépendance des États-Unis d’Amérique

Liste des signataires par État et ordre de signature

Président du Congrès :

1- John Hancock (Massachusetts)

New Hampshire :

2- Josiah Bartlett

3- William Whipple

4- Matthew Thornton

Massachusetts :

5- Samuel Adams

6- John Adams (2ème Président des États-Unis)

7- Robert Treat Paine

8- Elbridge Gerry

Rhode Island :

9- Stephen Hopkins

10- William Ellery

Connecticut :

11- Roger Sherman

12- Samuel Huntington

13- William Williams

14- Oliver Wolcott

 New York :

15- William Floyd

16- Philip Livingston

17- Francis Lewis

18- Lewis Morris

New Jersey :

19- Richard Stockton

20- John Witherspoon

21- Francis Hopkinson

22- John Hart

23- Abraham Clark

Pennsylvanie :

24- Robert Morris

25- Benjamin Rush

26- Benjamin Franklin

27- John Morton

28- George Clymer

29- James Smith

30- George Taylor

31- James Wilson

32- George Ross

Delaware :

33- Caesar Rodney

34- George Read

35- Thomas McKean

Maryland :

36- Samuel Chase

37- William Paca

38- Thomas Stone

39- Charles Carroll de Carrollton

Virginie :

40- George Wythe

41- Richard Henry Lee

42- Thomas Jefferson (3ème Président des États-Unis)

43- Benjamin Harrison V

44- Thomas Nelson Junior

45- Francis Lightfoot Lee

46- Carter Braxton

Caroline du Nord :

47- William Hooper

48- Joseph Hewes

49- John Penn

Caroline du Sud :

50- Edward Rutledge

51- Thomas Heyward Junior

52- Thomas Lynch Junior

53- Arthur Middleton

Géorgie :

54- Button Gwinnett

55- Lyman Hall

56- George Walton

Naissance des États-Unis d’Amérique

La Déclaration d’indépendance fait partie des textes fondateurs des États-Unis d’Amérique, au côté de la Constitution et de la Déclaration des Droits.

Posant la première pierre qui mènerait par la suite les colonies à s’unir en Confédération, puis en État fédéral suite à l’échec de cette dernière, la Déclaration d’indépendance marque un véritable tournant sur la scène internationale. S’inspirant des idées des Lumières, et notamment du philosophe anglais John Locke, elle proclame avec force les libertés individuelles et se veut universelle.

Malgré une première version rédigée par Thomas Jefferson en faveur d’une égalité totale des hommes, autrement dit favorable à l’abolition de l’esclavage, ce n’est pas le texte définitif qui est adopté par le Second Congrès Continental. En omettant de l’inclure dans cette Déclaration d’indépendance, l’égalité proclamée n’est alors valable que pour les hommes blancs. Il faudra attendre près d’un siècle avant que ne soit aboli officiellement l’esclavage par l’adoption du XIIIème amendement de la Constitution des États-Unis, le 6 décembre 1865

À l’issue de cette Déclaration, sept années seront nécessaires avant que ne cessent les hostilités et que la couronne britannique ne reconnaisse officiellement les États-Unis lors du Traité de Paris signé le 3 septembre 1783.

(1) Guerre de Sept Ans : guerre considérée comme la première à être mondiale en ce sens que les belligérants en sont les grandes puissances de l’époque et qu’elle se déroule sur plusieurs continents. Elle verra notamment s’affronter le Royaume de Grande-Bretagne et le Royaume de Prusse face au Royaume de France, à l’Archiduché d’Autriche et à l’Empire Russe.

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